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BlogRencontre avec un fou... de brochets!
Rencontre avec un fou... de brochets!

Rencontre avec un fou... de brochets!

philippe
08 sept. 2024
Je vous propose de retrouver ci-dessous, un article sous la forme d’une interview de Hans Roose, guide de pêche, réalisée lors de notre dernier séjour sur le Volkerak. Les brochets étaient au rendez-vous avec des pics d’activité courts mais très marqués en début de matinée.
45 poissons au bateau, les gros....brochets absents, mais le plaisir d’être sur l’eau entre copains bien présent !
Bonne lecture 

😉

Hans, comment t’est venue cette passion pour la pêche ?
« Tout commence à l’âge de 10 ans, nous étions en vacances en France sur les bords de l’Ardèche et je ne savais pas nager. Alors que ma sœur, mes cousins et cousines pouvaient jouer dans l’eau, moi j’étais obligé de rester au bord... alors mon père m’a acheté une canne en bambou. C’est là que je suis devenu accro ! Depuis ce jour, je pêche. Au début les blancs puis la carpe et à partir de l’âge de 18 ans les carnassiers, le brochet étant ma pêche favorite. »
Tu es un des rares guides basé sur les bords du Volkerak.
Pourquoi ce lac et non Hollands Diep ou Haringvliet qui, pourtant, ont la réputation d’être plus « faciles »?
« C’est simplement le lac qui a la réputation d’avoir les plus gros brochets d’Europe. Les 130+ sont plutôt pris dans le Volkerak que dans les deux autres lacs. Donc pour moi, c’était un vrai challenge que de m’installer sur ce lac, en particulier. »
Ce delta hollandais est souvent mis en avant dans des compétitions et sa réputation n’est plus à faire. As-tu quelques données chiffrées à nous proposer et pour toi un gros brochet, c’est quoi ?
« En terme de statistiques, je note chaque touche, chaque poisson capturé sur chaque journée de pêche. Ainsi, l’année passée, 106 métrés sont montés au bateau dont 7 au-dessus 120 cm. Un brochet métré ce n’est que 5% de la population, donc déjà là on parle déjà d’un gros brochet. Mais pour moi, un brochet de rêve c’est celui qui dépasse la barre magique des 120 cm. »
Tu te définirai plus comme un « spécimen hunter » ; un amoureux des brochets records, prêt à tout endurer pour une seule touche ou bien comme un amoureux des touches ; pratiquant dans un biotope remarquable?
« En fait, je suis un fan de tous les brochets. Pour moi, vraiment, cela n’a aucune importance si le brochet est grand, petit, lourd, n’importe ! Même un brochet de 35 cm, je vois cela comme une perle de la nature, une création fantastique, belle et géniale.
Ainsi, il y a des jours où je pêche pour plus de touches, donc des sessions plutôt orientées vers les petits brochets qui sont encore sur leur instinct de prédateur et plus réactifs.
D’autres jours, je me concentre uniquement sur les gros et là, c’est vraiment une pêche au mental, pour une seule touche dans la journée. Dans ce cas, je pêche souvent en retraçant plusieurs fois le même spot parce que je sais qu’ils sont là et qu’il faut simplement attendre le moment où ils vont se nourrir. »
Peux-tu nous décrire tes combos dédiés aux brochets et tes montages de bas de lignes ?
« Point de vue matériel, c’est assez simple.
Si vous voulez pêcher le brochet de façon « allround », il vous faut sur le Volkerak, une canne affichant jusqu’à 50-70gr de puissance. Ma canne favorite c’est la Powerteez de Westin, en W3 jusqu’en W10 , cela n’a pas d’importance. Là, c’est plutôt une question de budget et de confort de pêche. Mais une canne de cette puissance vous permet de pêcher avec beaucoup de leurres différents, elle est polyvalente.
Maintenant pour pêcher les gros brochets, ma canne préférée est la Monsterstick de Westin qui va jusqu’à 260-290gr. Ceci est, selon moi, nécessaire pour pouvoir manier les gros leurres. Les lancer, c’est une chose, mais les faire pêcher, les manier dans l’eau c’est autre chose et pour cela il faut une canne qui soit très rigide. La Monsterstick fait cela avec une aisance et une facilitée incroyable, et cela m’a déjà délivré beaucoup, beaucoup de gros poissons. 
Quant au choix du bas de ligne, fluorocarbone ou acier, pour moi cela n’a pas beaucoup d’importance. A titre personnel j’utilise toujours un fluoro en 100/100 et je recommande de ne jamais descendre en dessous de 80/100.
Je n’ai pas beaucoup confiance dans les nœuds, que ce soit FG ou Allbright. Ils peuvent s’user en passant dans les anneaux et constituent un point de rupture. Donc je préfère les sleeves et les émerillons, ces derniers permettent au bas de ligne de suivre les mouvements du brochet qui parfois à tendance à tourner comme un crocodile. (ndlr : Raccord tresse-émerillon avec un nœud de type pendu et deux passages dans l’anneau de l’émerillon avant sa réalisation, puis une petite pointe de colle. Enfin, une grosse agrafe termine le montage d’une longueur de 50-60 cm. Exemple de bas de ligne CWC ou BFT)
Il est primordial de vérifier régulièrement son bas de ligne : on ne veut pas voir le moindre dégât parce que l’on ne veut surtout pas louper son poisson record. »
Donc, jamais de bas de ligne de discrétion ?
« Non ! Jamais. Je suis toujours en tresse suivie d’un gros fluorocarbone, ainsi seule la tresse passe dans les anneaux de la canne. Sur la Powerteez, j’utilise une tresse en 16 ou 18/100 en 8 brins (PE 1.2) et sur la Monsterstick une tresse Varivas en PE3. »
Selon toi, quelles sont les caractéristiques principales d’un leurre à gros brochets ?
« Les gros brochets se prennent sur tous types et tailles de leurres.
Mais si vous voulez vraiment les cibler, la meilleure chose est de prendre un gros leurre avec un gros volume. Pourquoi ? les gros volumes déplacent beaucoup d’eau et cela est très attirant. Les gros brochets aiment un déplacement d’eau important qui figure une proie suffisamment importante pour les faire bouger. »
Dans ces grands milieux hollandais pour les gros brochets, quel est ton top 3 des leurres à avoir dans sa boîte ?
« L’absolute numéro 1 : tous les leurres de type Murias Mouse ou Mustache Rig.
La Murias Mouse, je l’utilise toujours avec sa double queue, par contre mes « Mouse Home Made » sont montées avec un Sandra de 23cm. Ce sont des leurres qui déplacent beaucoup d’eau et on peut les utiliser dans toutes les situations. Ils pêchent facilement en zone très shallow et en ajoutant des lests on peut vraiment sélectionner la couche d’eau que l’on souhaite prospecter.
Le numéro 2 : les leurres de type swimbait ou jerkbait. Ce sont des leurres qui sont surtout utilisés durant le printemps. Et pour moi, si je dois en avoir un seul dans ma boite, c’est le Westin Swim Glidebait en 12cm. C’est un leurre très « allround » qui fait bouger aussi bien les petits brochets que les monstres.
Le numéro 3 : c’est le fameux BullTeez de chez Westin, c’est aussi un leurre avec un gros corps donc qui déplace beaucoup d’eau. Pour cibler spécifiquement les gros brochets, je prends toujours le Bullteez Shadtail. Par contre, dans les petites tailles à partir de 18cm, j’utilise aussi la version Curltail. C’est un softbait que l’on peut utiliser dans beaucoup de situations : sans plomb au-dessus des herbiers, plombé pour pêcher les talus et avec une grosse plombée pour pêcher pélagique et vraiment aller vertical sur les gros brochets. »
Le Fire Tiger (et ses variantes) est souvent mis en avant pour les gros brochets et cela quel que soit la couleur de l’eau ou la luminosité. Partages-tu ce point de vue et comment gères-tu le choix des couleurs ?
« Tout d’abord, quand on parle de la couleur des leurres, c’est clair et très simple : je n’y crois pas du tout ! Le brochet n’a pas de préférence !
Dans les différentes eaux que j’ai pêchées, j’ai fait plusieurs tests avec le même leurre mais en différentes couleurs le même jour, avec même les conditions de temps et finalement j’ai constaté qu’en changeant de couleur, je prenais aussi bien qu’en restant sur la couleur. Pour moi, il n’ y a pas de différence.
Naturellement, il y a des couleurs que tout le monde aime et qui marchent bien comme le Fire Tiger, comme tout ce qui est jaune ou vert pour le brochet, c’est pas un souci. Chacun doit prendre la couleur en laquelle il a confiance, çà c’est très important : il faut avoir confiance dans son leurre et sa couleur.
Par contre, il faut juste différencier la couleur selon les circonstances de pêche, ainsi pour un leurre j’ai toujours 4 variantes :
Une couleur plutôt naturelle, Fire Tiger ou perche quand l’eau est claire.
Une couleur fluo (jaune ou orange) pour les eaux très troubles ou lorsque les brochets sont très actifs.
Une couleur très foncée (brune ou noire) cela fonctionne très bien dans des eaux super claires mais aussi dans les milieux à forte pression de pêche. Le noir étant une couleur peu utilisée, les brochets n’ont pas l’habitude de voir des leurres entièrement noirs.
Une couleur claire du blanc au transparent lorsque rien d’autre ne fonctionne ou lorsqu’il y a une forte pression de pêche.
Si vous avez ces 4 variantes de couleur vous pouvez faire face à toutes les situations possibles et imaginables. »
A l’image de la pêche à la traîne, l’animation linéaire, régulière sans pause ni variation de vitesse est-elle, selon ton expérience, la plus pertinente pour la recherche de gros brochets ?
« Alors si on fait de la traîne, il est vrai que l’animation est très linéaire et pour les gros brochets cela fonctionne très bien si tu pêches avec de très gros leurres. Ces leurres n’ont pas besoin d’animation puisqu’ils sont très gros et déplacent énormément d’eau, comme l’Hypoteez en 35 cm. Cependant à la traîne, tu vas constater que la canne que tu as en main va prendre environ 10 fois plus de brochets que la canne qui est dans le porte canne. Et cela est dû à la différence d’animation : à la main tu donnes des petits coups, tu fais des tirées sur ta canne et donc ton leurre aura une petite animation. Ainsi, en traîne, si je mets un Hypoteez en 35 cm ou un Bullteez en 24/27cm sur ma canne posée et un Shadteez en 16 cm sur ma canne à main: je vais prendre 10 brochets sur le Shadteez pour un seul sur le Bullteez. Mais le gros brochet sera toujours pris sur la canne posée. Ceci s’explique par la taille du leurre et l’absence d’animation.
Alors effectivement, pour la pêche en linéaire et les gros brochets, je ne fais pas beaucoup d’animation, mais toujours une pause. Avec la Murias Mouse ou un Bullteez : juste un coup sec dans la canne avant la pause (ndlr :et là, la Monsterstick fait parfaitement le job) et surtout je garde la ligne bien tendue au moment de la pause. De même avec le Westin Swim Glidebait en linéaire, je fais toujours deux petits « twitch » juste avant la pause afin d’activer le rattle. »
Sur tes postes à gros brochets, pratiques-tu le downsizing, voir une pêche light avec des petits leurres plus dédiés à la perche, afin de tenter de déclencher des touches ?
« C’est un peu compliqué et cela dépend de la situation....
Si c’est un poste profond et que les gros brochets sont dans le baitfish, souvent très petit au cours de l’été, alors oui je fais du downsizing. Mais si cela ne fonctionne pas, alors je repasse très vite sur des gros leurres car ils sont plus visibles et contrastent avec le fourrage présent et cela peut déclencher les gros.
Par contre, sur des postes shallow, notamment les herbiers, je pêche toujours avec des gros leurres. Dans ce type de postes, je ne vois pas pourquoi pratiquer le downsizing : les petits leurres vont être plus difficile à repérer, donc je reste sur des leurres avec un fort déplacement d’eau. »
Dans un milieu où le vent est omniprésent, comment gères-tu tes dérives ?
« Je fais presque toujours des dérives contre le vent et très rarement des dérives avec un drift bag.
Pour la simple raison qu’une dérive avec le vent dans le dos est beaucoup moins bien gérée. Face au vent avec le moteur électrique, tu sais faire un trajet précis en zig-zag, suivre des talus, des lignes de profondeur, des lignes d’herbiers, etc...
Donc les dérives avec le vent, c’est uniquement pour des grands plateaux où la position du bateau est peu importante.
Je rajouterai que c’est n’est pas parce que nous sommes face au vent qu’il faut lancer contre le vent. Non, il faut toujours lancer à 90 degré, donc sur la droite ou la gauche à la perpendiculaire du bateau. Par contre, si tu utilises un drift bag, alors là, oui tu peux lancer devant le bateau, c’est très facile et tu lances très loin. Mais pour manipuler ton leurre, c'est plus difficile: tu dois composer avec la vitesse du bateau qui va vers ton leurre. Ici, il faut un peu d’expérience pour trouver la bonne animation et la bonne vitesse de récupération. »
Nous évoquions le vent, mais d’une manière générale quelle est l’influence des conditions météo sur l’activité des gros brochets?
« Pour le vent, c’est assez simple : il en faut !
Quand il n’y a pas de vent, que le lac est un miroir, les poissons sont aussi un miroir : ils ne bougent pas, ne nagent pas, ils ne sont pas actifs.
Donc ma journée idéale pour les gros brocs, c’est une journée avec beaucoup de vent, beaucoup de nuages mais quand même un peu soleil. Le changement de luminosité, entre nuages et soleil, fait que les poissons sont généralement plus actifs.
Maintenant, cela dépend aussi des saisons. En hiver, c’est différent il faut plus de soleil, et souvent nous avons une « great hour », c’est-à-dire une période d’activité soudaine qui dure en général moins d’une heure. En été, cet effet est moins marqué, mais néanmoins comme les températures sont élevées, l’activité a tendance à suivre les températures. Il faut pêcher plutôt le matin et le soir, alors que la journée avec un soleil haut et des fortes chaleurs l’activité est moins importante. »
Et la lune ?
« Alors...statistiquement je n’ai pas trouver de tendance. J’ai déjà fait des bonnes pêches avec la pleine lune comme des mauvaises cessions. C’est vrai que souvent deux-trois jours avant la pleine lune, on a l’impression qu’il y a une activité plus importante, cependant je n’ai pas pu le démontrer avec mes statistiques. »
L’événement majeur de ses dernières années, c’est incontestablement l’apparition de la technologie en temps réel qui a « facilitée » la traque des gros brochets. As-tu remarqué un changement de comportement de ces poissons confrontés à cette technologie?
« C’est vrai que c’est révolutionnaire et ceci pour différentes raisons. La raison principale est que l’apprentissage de la pêche va mille fois plus vite avec un système en temps réel. Tu vois la réaction du poisson vis-à-vis de ton leurre et cela n’a pas de prix.
Tu apprends comment le poisson réagit à ton leurre et donc tu sais immédiatement quand il faut changer quelque chose... Avant tu ne voyais pas, donc tu n’étais tout simplement pas au courant, maintenant tu le vois et tu es dans la possibilité de changer ton animation, ton leurre, mais aussi de modifier ton angle de dérive. Est-ce que j’attaque en mode « forward fishing » en pêchant directement vers le poisson ou bien est-ce que je vais positionner différemment le bateau afin de changer l’angle de présentation du leurre. Tout cela est possible avec le live, c’est une énorme progression.
De plus pour traquer les gros poissons, c’est très efficient et plus ils sont gros plus ils sont facilement repérables en live. On constate que ces 5 dernières années, il y a beaucoup plus de gros spécimens capturés. Maintenant, c’est sûr que ces gros poissons s’habituent à cette technologie. Ils voient de plus en plus de leurres donc, eux aussi ils apprennent beaucoup plus vite à appréhender la dangerosité de certains leurres et à les éviter.
Donc même si tu as cette technologie, ce n’est pas du tout une garantie que tu vas prendre ton gros brochet mais fort probablement tu vas le trouver plus vite et tu vas mieux apprendre à le pêcher. »
 
Dans un milieu, certes vaste, mais subissant une forte pression de pêche de jour comme de nuit ne faut-il pas avoir quelques inquiétudes sur l’avenir de ces poissons records ?
« C’est une question qui est ouverte.
L’avenir d’un poisson record dépend de beaucoup de facteurs. C’est sûr qu’un spécimen risque d’être capturé de manière plus fréquente que par le passé grâce à la Live. Même s’ils deviennent méfiants, ils restent des prédateurs et la faim va les pousser à attaquer.
Avoir des inquiétudes ? Non, à condition que la manipulation du poisson soit maîtrisée. Il y a donc un travail d’éducation à faire auprès des pêcheurs qui doivent prendre un maximum de précaution. Par exemple, durant l’été avec peu d’oxygène dans l’eau, il faut que la phase du catch and release soit la plus rapide possible. Si tu fais cela, il n’y a pas de problème, mais tous les pêcheurs n’ont pas cette attitude de respect envers leur record et perdent trop de temps avec un poisson hors de l’eau.
Cependant, on traque de plus en plus les gros poissons en mars dans la période de prespawn. A ce moment-là, les brochets sont remplis d’œufs et on ne sait pas si cela impacte leur reproduction. Mais je peux imaginer que « oui », car c’est une situation de stress avec des risques de chute dans le bateau et de manque d’oxygène sur une période trop longue.
Pour rester positif, j’ai déjà repris des poissons de 120 cm qui avaient continué leur croissance avec quelques centimètres supplémentaires. Mais naturellement, ceci n’est possible que si le poisson est bien traité, sinon le risque de mortalité est élevé. »

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